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« J’ai pu me consacrer entièrement à cet art que je voulais plus que tout embrasser »

J’ai pu me consacrer entièrement à cet art que je voulais plus que tout embrasser

« J’ai pu me consacrer entièrement à cet art que je voulais plus que tout embrasser »

Dès que l’on entre Emmanuelle Barbara dans notre barre de recherche, elle surgit. Elle enchaîne les déclarations marquantes, les interviews avec Arte, son nom fait parler dans Le Monde, MediapartLes Echos et plein d’autres. Cette brillante avocate est aujourd’hui Senior Partner August Debouzy, spécialiste en droit du travail, sécurité sociale et protection sociale. C’est un honneur de la compter parmi les invités d’Anomia.

« Je voulais être juge depuis toujours »

En Sixième, du haut de ses 11 ans, elle déclare vouloir devenir Procureur de la République parce que ça « claque ».  Son Ethos et sa Persona ne passent pas inaperçus, elle incarne son rôle d’avocate de manière théâtrale.

Elle a d’abord eu pour idée de passer le concours de l’ENM mais se tourne plutôt vers quelque chose de plus expédiant. Elle passe, en parallèle de sa voie dans le droit fiscal, l’examen du barreau, « comme ça « . Elle est rapidement embauchée en tant que jeune fiscaliste chez Ernst & Young.

« [Je] consacre mon temps à se déprendre de la fiscalité »

Le droit fiscal, elle n’y prend pas goût. Elle fait son travail assez machinalement, sans penser la matière, sans l’investir et finalement s’y noie un peu, en étant pourtant bonne élève.

Elle reprend espoir en élargissant ses connaissances auprès d’un collègue en droit des affaires qui lui transmet quelques notions et s’éprend de la matière de son côté. Emmanuelle Barbara se rend bien compte qu’elle préfère les personnes physiques aux personnes morales car elles incarnent quelque chose de beaucoup plus tangibles. C’est à ce moment qu’elle rencontre véritablement le droit du travail.

Elle choisit donc de quitter son cabinet et de partir.

« Je dois reconnaître que c’est peut être la seule chose où j’ai fait preuve d’un véritable courage »

Elle s’envole donc vers la capitale, remplie d’espoirs et surtout sans diplôme pour exercer dans le droit du travail. Très investie et convaincante, elle trouve refuge chez Salès Vincent Georges & associés pendant trois ans. Elle se donne corps et âme dans ce nouveau domaine qui lui correspond plus : « dès que j’avais 5 min je regardais la jurisprudence ». Elle prend goût au fait d’apprendre ce qu’elle ne maîtrise pas et se sent épanouie.

Elle s’envole donc vers la capitale, remplie d’espoirs et surtout sans diplôme pour exercer dans le droit du travail. Très investie et convaincante, elle trouve refuge chez Salès Vincent Georges & associés pendant trois ans. Elle se donne corps et âme dans ce nouveau domaine qui lui correspond plus : «  dès que j’avais 5 min je regardais la jurisprudence ». Elle prend goût au fait d’apprendre de ce qu’elle ne maîtrise pas et se sent épanouie.

« Je comprenais ce que je lisais, et encore mieux : j’en comprenais les ressorts »

Elle prend ainsi plaisir à répondre aux problématiques des clients et à les accompagner. Elle appréhende dès lors le mot « comprendre » dans son sens étymologique. C’est-à-dire qu’elle commence à s’imprégner de ses objets d’étude, à les matérialiser, à saisir les choses pour finalement les embrasser par la pensée.

En ce sens, elle tente de comprendre l’histoire contemporaine, économique et au delà de ça les relations humaines…

La seconde grande décision d’Emmanuelle Barbara a été de rejoindre le cabinet August Debouzy. Ce fut lors d’une période de grands changements nous explique-t-elle.

Il y a d’abord eu le passage aux 35h ce qui a permis au cabinet de faire une belle entrée dans le monde des affaires sociales. En effet, c’est « grâce aux 35h, le cabinet a pu vendre ses idées« . Puis, elle a cherché à « comment promouvoir un regard, un sujet » elle commence à faire des conférences et à prendre en notoriété individuelle. Enfin, pour s’ancrer dans la matière, elle se décide à passer des certificats de spécialisation.

Mais pour Emmanuelle Barbaran cela aura été un travail d’équipe. « On a réussi à être ensemble et faire les choses collectivement tout en gardant une certaine individualité »

Aujourd’hui, Emmanuelle Barbara a pu voir le cabinet par laquelle elle est passée de collaboratrice à associée, passer de 5 à 100 coéquipiers.

«  Il faut trouver un peu de sel, un peu de piment à mettre »

Ce qu’elle aime vraisemblablement, ce sont les cas inédits.

Elle nous raconte un dossier, assez singulier, qui l’a marquée : pour l’émission de téléréalité l’Ile de la tentation ou encore le mouvement d’ubérisation, elle a dû repenser la définition même du travail. Il y a une dimension foncièrement sociologique à cela et c’est peut-être ce qui lui plaît le plus dans son travail.

« Le droit est une grille de lecture »

Les principes de la communication sont une partie intégrante du métier d’avocat. Emmanuelle Barbara aime analyser les interactions sociales en général.

Elle cherche à toujours contextualiser puisque pour elle « on n’est pas toujours au fait de ce qu’on dit ».  Il y aurait ainsi un travail, une analyse à faire sur le client en lui-même. Il faudrait que l’avocat décortique et consulte son objet d’étude comme le ferait un médecin. Il y a quelque chose dans la pratique de foncièrement scientifique.

« Le droit du travail du XXIème siècle, c’est vraiment autre chose »

On assiste à un grand basculement, à un moment plein de promesses, de risque. Nous sommes dans une époque charnière.

La période du covid et du confinement a été un tournant pour la société moderne. Des problématiques folles mises sur la table et qui ont permis de faire remonter des sujets dont nous n’étions nous-mêmes pas encore conscients. 

Il y a eu l’explosion du monde digital avec l’amplification des réseaux sociaux. Les découvertes technologiques très poussées QUI nous servent mais en même temps nous aliènent. Certains questionnements sociologiques ont ainsi pu être abordés.

« Je préfère avoir mon âge aujourd’hui que dans les années 80 »

La définition du mot travail évolue constamment et elle est à repenser sans compter que le droit du travail du XXIème siècle n’a rien à voir avec celui du XXème… Nous assistons à une révolution, à une déstructuration des concepts qui sont pourtant ancrés au plus profond de nous.

Emmanuelle Barbara voit une dimension foncièrement Kafkaïenne à cela. En effet, à travers ses romans et nouvelles, Kafka n’a cessé de vouloir comprendre la mécanique de domination qu’implique le travail. Son patrimoine culturel est-il lui-même considéré comme un travail de dur labeur ? Puisqu’il a du écrire, mourant, afin de se payer ses médicaments pour survivre… Qui détient les ficelles ? Ces questionnements infernaux, vieux comme le monde ressurgissent et résonnent d’autant plus fort avec la pandémie mondiale.

« Un moment d’apnée intellectuel »

Selon Emmanuelle Barbara, nous vivons une destruction massive de tout notre référentiel, ce qui est pour le moins assez déstabilisant. Elle nous explique que nous sommes en train de quitter les grandes conventions collectives. Par exemple, avec le contrat de travail et le surgissement de plateformes, du statut de autoentrepreneur… En d’autres termes : l’unité de temps, de lieu et d’action ont toutes les trois explosées.

Il y a un paradoxe entre nos pratiques et la réalité des choses et cela implique une difficulté à mettre en adéquation notre modèle social.

Le travail est un concept très complexe à appréhender puisqu’il est à la frontière de compétences toutes plus différentes les unes des autres, il est à la lisière de tout.

Maître Barbara nous explique que de manière générale, on n’arrive pas à voir la réalité. On se cantonne à nos représentations schématiques. Par exemple, avec l’idée de ce que représente avoir un CDI. En fait c’est tout l’imaginaire collectif, informel qui a une grande emprise sur la réalité. Ainsi, le CDI nous permet de faire un prêt, de louer un appartement. Et cela ne permet pas de prendre en comptes d’autres réalités, plus ou moins nouvelles, qui sont celles des autoentrepreneurs, des salariés, de ceux qui veulent tout simplement cumuler des CDD pour découvrir différents parcours ou encore ceux qui se reconvertissent.

« Nous sommes un peuple hiérarchique jacobin »

Il a tout de même fallu une pandémie médicale pour que les patrons acceptent que leurs employés télétravaillent et arrête de vouloir « surveiller » constamment.

Elle finit par une touche positive et assez libre sur sa conception du télétravail : chacun a ses méthodes de travail même si elle avoue préférer être en contact avec l’Autre, les voir, les entendre : « entendre des portes claquer »…

Nous remercions Maître Emmanuelle Barbara d’avoir partagé son histoire avec nous.

Ce podcast est sponsorisé par Neria, le cabinet de recrutement qui accompagne les collaborateurs à trouver le cabinet qui leur correspond. N’hésitez pas à aller faire un tour sur leur site internet !

Belle écoute à vous.

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