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« Le propre de l’avocat n’est pas d’être devant, il se doit d’être à côté, il accompagne le client. L’avocature est un métier d’équipe »

Le propre de l’avocat n’est pas d’être devant, il se doit d’être à côté, il accompagne le client. L’avocature est un métier d’équipe

Avocat associé et co-managing Partner chez FTMS Avocats, Mathias Chichportich parle de son parcours. Loin d’avoir un chemin tout tracé, il nous parle de sa rencontre avec le droit et de la découverte des différentes voies qu’il a pu entreprendre. Evolution de carrière, facturation, relations médias-avocats, il parle de tout.

« Avant de devenir avocat, je n’avais absolument pas envie de devenir »


C’est fil des rencontres que Mathias Chichportich se rend compte que la profession n’est pas du tout celle qu’il imaginait. Alors qu’elle lui semblait sèche et aride, il s’est rendu compte au fur et à mesure qu’elle était proche des humanités.
Issus d’un parcours littéraire, il est très attiré par la politique. Son objectif est d’ailleurs de parvenir à être admis à Sciences Po. Le destin a fait qu’il n’y a jamais été accepté. Il nous confie que c’est un « grand service » que l’établissement lui a rendu.
Mathias Chichportich découvre le droit à Assas où, Denis Mazeaud, professeur en droit civil l’a initié au droit des obligations qui la matière la plus importante en première année.


Sans réellement suivre un parcours tout tracé, Mathias Chichportich se retrouve dans un chemin inconnu et il y prend goût. Il réussit à réconcilier sa passion et le droit. En effet, en étudiant le droit public, il s’en rend compte que la politique est un aspect présent et très important dans la matière. Il y prend tellement goût qu’il en vient à avoir pour objectif de devenir enseignant et chercheur. Il obtient même une bourse de thèse.

« Du jour au lendemain j’ai voulu devenir avocat pénaliste à 25 ans »


Lors d’un stage, Mathias Chichportich rencontre une avocate pénaliste avec qui il discute. Il se rend rapidement compte que c’est ce qu’il veut faire. Mais comment tout lâcher sur un coup de tête ? C’est la décision de sa vie, de sa carrière qui est jeu.
Il se met alors à écrire à tout pleins d’avocats reconnus tels qu’Olivier Metzner, Hervé Temime, Patrick Maisonneuve ou encore Pierre Olivier Sur. Tous l’ont reçu.


« C’est grave docteur ? Je veux être avocat pénaliste »


Perdu et sans réel repères, il s’en remet à de grands avocats pénalistes pour l’aiguiller un peu plus sur le sujet
Il ressort de toutes ces consultations complètement soulagé. On le rassure, lui dit que c’est un métier qui s’apprend sur le terrain, que tout va bien se passer. Il faut des années d’expériences pour réellement le pratiquer. La motivation, la curiosité et la structuration des idées et des propos feront sa vraie différence.
Lors de son entretien avec Pierre Olivier Sur, quelque chose se passe. Les deux se retrouvent l’un dans l’autre. Le grand avocat accepte ainsi de prendre l’élève en stage. Mathias fera d’ailleurs sa première collaboration chez FTMS.
Mathias commence donc son début de parcours professionnel de manière assez bancale, hasardeuse pour au final une carrière claire et sans faille.
En se cherchant, il s’est trouvé.
Il devient par la suite associé.
Pour lui, ça a été « un challenge de tous les jours ». Indépendamment de conseiller, l’associé doit diriger un cabinet et incarner une marque.


Son association s’est faite naturellement même si pour être transparent, il nous avoue que la transition a été compliquée. Il a fallu qu’il comprenne et apprenne les nouvelles responsabilités qui lui étaient demandées.


Après sa collaboration, Mathias a directement été associé gérant. Il y a plusieurs choses qui lui ont plu dans cette fonction. D’abord, le fait qu’il n’a jamais été gérant seul. Une prise de décision, une réflexion est toujours agréable à faire à deux. Le fait de construire une marque est un challenge de tous les jours que les cabinets anglosaxons ont bien su mener à terme. Enfin, Mathias nous avoue prendre énormément de plaisir en se sentant au cœur de l’humain : en lien avec tout le monde, il est un acteur de l’organisation humaine au sein du cabinet.

« Quand on rentre dans la vie d’un client, on entre par effraction »


Très vite Mathias Chichportich prend conscience de ce qu’est le métier d’avocat : être avant tout au plus proche des clients.
Dans le pénal, il y a toujours une appréhension de faire appel à un avocat. En effet, les avocats ont affaire soit à une victime soit à un mis en cause. Dès lors la relation entre les deux est complexe.
Il est donc du devoir de l’avocat de très vite construire un lieu de confiance, ce qui crée un challenge, de la motivation.

Pour ce qui est de sa clientèle personnelle, Mathias nous explique que c’est son cabinet lui-même qui l’a poussé à la développer. Il insiste sur le fait qu’il ne faut pas oublier que le métier d’avocat est une profession libérale et que de manière générale, les avocats sont d’autant plus prudents et engagés dans les dossiers du cabinet qu’ils savent traiter des dossiers seuls à la barre.
De manière générale, Mathias Chichportich exerce en majorité du pénal des affaires. Néanmoins, son année en tant que secrétaire de la Conférence lui a permis de toucher à une pratique plus globale. Cette année là a été très intense pour lui. Il parle d’une « succession de dossiers » plus intéressants les uns que les autres.
Cette école de formation permet de désanonymer les avocats, de leur donner rapidement de lourds dossiers et surtout de multiplier les connexions avec les cabinets d’instruction. Aujourd’hui, cela fait 12 ans que Mathias Chichportich est avocat.

Une évolution par étape

Dans la carrière de Mathias, il y a eu des paliers. Il est passé d’une pratique du métier où il se laisse glisser en se contentant de traiter les dossiers qu’on lui donnait à une recherche du client beaucoup plus entreprenante. Ce sont les expériences qui font vraiment évoluer que ce soit dans la manière de voir les choses ou encore dans la pratique.
Ce qui est surtout dur, nous confie-t-il, c’est de « trouver le bon équilibre entre engagement et distance ». En effet un avocat doit être à 100% avec le client. L’engagement est un aspect foncièrement essentiel puisque la confiance du client est entre vos mains. A tel point que vous en venez à vous oublier… Pour autant, il est toujours mieux de prendre de la distance et du recul vis-à-vis de soi-même afin d’être le plus efficace possible.

« On peut être le meilleur avocat du monde, à un moment donné si on veut y arriver seul, il y a un effet de seuil. Être en équipe nécessite d’être intelligent à plusieurs »


Mathias Chichportich n’a jamais eu le moindre problème avec ses autres associés. Au contraire, il a toujours eu le sentiment d’être valorisé. Le fait qui se soit associé avec son patron n’a causé aucun souci tout simplement parce qu’en tant qu’avocat, il n’y a pas de rivalité.
Le propre de l’avocat n’est pas d’être devant nous dit-il. Il se doit d’être à côté, il accompagne le client. Être avocat pour lui, c’est avant tout de faire partie d’une équipe.

Le jugement médiatique

La relation entre le judiciaire et le médiatique est un sujet plus que complexe. Inconsciemment nous y sommes tous confrontés sous différents angles.
Pour un avocat, s’il y a relaxe d’une personne mise en cause c’est bien. Néanmoins, si la personne est détruite dans l’intervalle du procès et de la décision, ça ne sert à rien.

Le problème qui se pose à beaucoup d’avocats c’est qu’à côté de la stratégie judiciaire, il y a une stratégie de communication à mettre en place. Le dilemme étant que si vous ne prenez pas la parole, d’autres la prendront pour vous et si vous la prenez, cela alimentera la caisse de résonnance des accusations dont il fait l’objet

La sentence médiatique n’obéit à aucune règle : il n’y a pas de contradictoire, de dossier, il n’y a que la rumeur et une expression tout à fait subjective des faits.

Le journalisme

Lorsque des enquêtes sont bâclées, que le nom du potentiel accusé est publié alors que la personne n’a jamais été mise en examen ou condamnée, c’est grave. Se retrouver incendié sur internet avec une étiquette de pédocriminel, ça détruit une vie, il faut en être conscient.

Certaines fois, des décisions de réhabilitation sont prises. Mais à quel prix ? il y a une déconnexion complète entre le sujet judiciaire et la sentence médiatique.

Mathias Chichportich parle d’un monde en « transition » : le problème a été que pendant trop longtemps les victimes n’ont pas été écoutées, elles ont eu peur d’aller se confronter à la police et que la justice à été trop lente. Me too est dans un sens un progrès. Mais comment faire pour respecter un état de droit et la présomption d’innocence ?

Le camp du fondamentalement bon et du fondamentalement mauvais n’existe pas et c’est justement là que la justice joue un rôle clé.
Avec la justice numérique, tout le monde perd :
La victime aura peut-être une réparation médiatique mais pas de réparation judiciaire et le mis en cause aura une vie gâchée.

Que ce soit du côté de la victime ou de l’accusé, les deux n’ont pas le recul nécessaire sur l’affaire, c’est pourquoi la présence d’un tier, neutre est fondamental.

Les situations de spectacle

« lorsque je ne connais pas le dossier et qu’on me demande d’intervenir je dis non ».

Les « procès de plateau » sont de plus en plus populaires. Sont invités un avocat, magistrat honoraire, ou encore expert psychiatre. La question persiste : est-ce que cela rend service aux victimes et aux spectateurs ?

Il est nécessaire de s’intéresser collectivement à ce qu’on fait et de respecter les temps judicaire. Ainsi, la loi 1880 pour la presse est une base.

Les abus de la liberté d’expression ne sont pas à prendre à la légère. Sans pour autant tomber dans les abus dont est victime la presse américaine, la diffamation et dénonciation de manière calomnieuse doit entraîner des conséquences.

En France, les ordres agissent mais peut être pas avec assez de fermeté. Le sujet étant tellement sensible qu’il est pris avec des pincettes.

Un avocat d’affaires

Avocat au sein de l’affaire Brunel, Darmanin et bien d’autres Mathias Chichportich est un avocat prisé. Comment avoir la chance de traiter des affaires avec autant d’envergure ?

Pour lui, pas de doutes. Le bouche à oreille est un outil clé. Nécessairement, les clients mènent leur petite enquête et font passer à l’avocat un entretien : ça se passe au feeling.

« Il faut être soi » et ne pas mentir sur qui on est vraiment. On dit d’ailleurs souvent que les avocats ressemblent à leurs clients. Ils se comprennent.

L’avocat incarne son client, il le représente. Le rapport de force entre le juge et le justiciable est foncièrement déséquilibré. L’avocat est là pour le stabiliser.

La facturation

Pour ce qui est du paiement d’honoraires, il y a le besoin de s’entendre dès le début afin que le client sache ce qu’il paye.
Mathias souhaite par-dessus tout conserver un maximum d’exigence, ne rien considérer comme acquis et en permanence se remettre en question.

Un grand merci à lui pour nous avoir partagé sa passion et nous avoir transmis son amour pour le métier, quelques moments de sa vie et de sa carrière. Un modèle pour la profession !

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