« Jacqueline Laffont, avocate associé chez Haïk & Associés »

“Il y a des pages entières, des unes, des livres pour accuser mais plus personne pour défendre.”

Pour ceux qui ne connaissent pas Maître Jacqueline Laffont, il s’agit d’une des plus grandes pénalistes française en exercice aujourd’hui. Vous la retrouverez naturellement dans notre sélection des 23 avocats ayant marqué l’année 2022.

Présente dans les plus grandes affaires en droit pénal des affaires et politico-financier, c’est notamment elle qui défend l’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy.

Valentin Tonti-Bernard l’a interviewé le temps d’une petite heure pour discuter de son parcours, de son activité, ses échecs et réussites.

La défense pénale s’est très vite imposée à Jacqueline Laffont au début de ces études de droit. D’une prépa littéraire hypokhâgne, elle décide ensuite de se diriger vers le droit pour devenir avocate pénaliste.

Vision idéalisée par ses lectures sur la profession d’avocat, Jacqueline Laffont n’avait qu’une idée trouble du métier. Elle prête serment à 23 ans, à une période où le pénal des affaires était moins présent.

Elle nous raconte avec nostalgie ses premières collaborations : Elle a eu la chance de très vite plaider, visiter des prisons, voyager partout en France à la rencontre des femmes, des hommes qu’elle défend.

“On n’a jamais fini de devenir un bon avocat pénaliste, on n’a jamais fini de se former”

Jacqueline Laffont évolue naturellement au fil des affaires et plaidoiries. Avec des affaires pénales “pures”, elle apprend le courage, la distance.

Elle considère le pénal comme un monde à part. C’est une discipline riche, qui d’après Jacqueline Laffont se décline dans des univers très différents.

“La technique est importante, on doit la maîtriser mais elle est complètement insuffisante.“

Pour Jacqueline Laffont, l’approche de la défense, le fait d’appréhender un dossier, les réflexes de pénalistes doivent être mêlés avec la technique.

Pour se confronter aux grands cabinets, elle considère son cabinet comme un atelier d’artisans de luxe: « Un pénaliste c’est comme un artisan de luxe, comme quelqu’un qui fait du sur-mesure. »

Haïk & Associés est un cabinet à taille humaine. L’équipe est très resserrée et hyper spécialisée : Les dossiers qui leur sont confiés sont travaillés par tout le monde.

Jacqueline a une conviction qu’elle partage avec Jean-Pierre Haïk, son associé et conjoint : « Il ne faut jamais lâcher jamais ce qu’est le pénal. »

Aujourd’hui, le temps de Jacqueline Laffont est consacré au droit pénal des affaires et politico-financière. Jacqueline essaie tout de même de conserver ses plus anciens clients, de toujours plaider aux Assises et pousse ses collaborateurs à faire de même pour garder un pied dans les deux mondes pour garder de la hauteur.

Le développement du cabinet s’est fait de manière très naturelle. Les choses se sont faites au gré des besoins et des rencontres. Jacqueline adore travailler en équipe restreinte mais l’important reste d’être les meilleurs possibles pour conserver ce niveau de prestation.

Elle considère énormément tous ses collaborateurs et aimerait pouvoir tous les associés. Elle considère les compétences de son équipe et elle apprécie travailler avec ses anciens collaborateurs qui ont fondé leurs cabinets.

Comment le cabinet Haïk facture la prise en charge de ces affaires ?

La tradition est de facturé au temps passé. Pour autant, Jacqueline Laffont n’aime pas justifier des heures à ses clients. Elle considère que cela n’est pas compatible avec le secret professionnel mais qu’elle s’adapte à la demande de ses clients.

Elle préfère la facturation forfaitaire qui implique une relation de confiance avec ses clients. L’honoraire de résultat est parfois envisagé mais n’est pas systématique.

Jacqueline Laffont, l’avocate de Nicolas Sarkozy

« Ce n’est pas ce qu’il y a de plus simple car on vous attend, pas forcément de manière bienveillante. »

Défendre Nicolas Sarkozy est pour le cabinet une pression forte avec l’impression que les dés sont un pipés. C’est une grande fierté mais quelque chose de difficile à affronter.

En règle générale, la pression médiatique rend les choses plus difficiles et pesante aussi bien pour les magistrats que pour le cabinet. Il y a souvent un grand écart entre les dires des médias et la réalité des dossiers.

De ce fait, Jacqueline Laffont parle peu aux journalistes et privilégie les plaidoiries. Mais parfois ce sont les clients eux-mêmes qui demandent de réagir devant les journalistes. Elle s’exécute parfois, toujours minutieusement afin de privilégier les intérêts du client.

“Il y a des pages entières, des unes, des livres pour accuser mais plus personne pour défendre.”

Jacqueline Laffont s’étonne sur le fait qu’il n’y a pas un seul média qui enquête autour de l’innocence de quelqu’un. Elle exprime son inquiétude à cet égard : “Un déséquilibre est en train de s’instaurer et ce déséquilibre m’inquiète. »

Elle revient sur les affaires qui l’ont marqué : Pour elle, on ne peut pas exercer la profession d’avocat si on n’est pas habité par la conscience qu’il y a des petites injustices au quotidien dans la justice et parfois de grandes injustices.

Jacqueline Laffont est passionnée par la politique mais elle n’a jamais milité. Elle considère néanmoins son travail comme une forme de militantisme pour instaurer plus de justice dans la société.

Pour finir, Jacqueline Laffont revient sur ses plus grands échecs puis ses grandes réussites. Elle nous raconte brièvement les affaires qui l’ont aidée à se lever, à continuer à plaider.

Nous remercions Maitre Jacqueline Laffont pour son partage d’expérience.

Cet épisode est un must à écouter pour tous les avocats pénalistes qui souhaitent suivre son exemple. Belle écoute à vous.

Ce podcast est sponsorisé par Neria, le cabinet de recrutement qui accompagne les collaborateurs à trouver le cabinet qui lui correspond. N’hésitez pas à aller faire un tour sur leur site internet !