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Legal Design : « Le fond c’est la forme qui remonte à la surface »

Le legal design révolutionne-t-il la pratique des cabinets d’avocats ?

Le principe de communication est l’un des vecteurs essentiels dans le métier d’avocat. En effet, ce dernier est en lien direct avec son client. Dès lors, une relation de confiance doit être bâtie et établie. Les deux doivent pouvoir échanger. Pourtant, bien souvent, il s’avère que le discours et le jargon juridique sont une entrave. Selon une étude, environ 80% des besoins juridiques ne sont pas convertis faute d’accès à un avocat… Un problème de compréhension ?

Que ce soit dans le milieu du droit ou non, beaucoup des interactions sont stériles tout simplement parce qu’on ne se met pas instinctivement à la place de l’interlocuteur en partant du postulat qu’il comprend 100% de nos dires…

L’avocat arrive t-il réellement à se faire comprendre à son client ?

Beaucoup de ceux que nous avons interviewés dans nos podcasts déclarent s’être rendus compte au moins une fois qu’au cours d’un dossier le client n’ait pas compris une procédure ou un document. Dans ce cas-là, les avocats expliquent tous être revenu afin de réexpliquer les choses à leur client. Or, l’avocat et le client doivent faire équipe. Ainsi, il est nécessaire que les deux soient sur la même longueur d’onde. L’avocat est celui qui intercède pour un autre : Une relation entre les deux est primordiale puisque le premier représente le second.

C’est justement ici que le Legal Design intervient. C’est un concept relativement récent qui fait aujourd’hui fureur parce qu’il facilite grandement les choses.

Mais alors, qu’est-ce que le legal design ?

La définition est assez floue mais il y a un consensus pour dire que l’objectif est de remettre l’utilisateur au centre des discussions. L’idée est de rendre la matière accessible et intelligible.

C’est un nouvel outil pédagogique pour créer des documents juridiques facilement compréhensibles et utilisables.

Legal est un terme anglophone qui renvoie à l’aspect et à la sphère juridique. Et design implique dans son étymologie le fait de montrer, de désigner et donc a un lien avec la vue. L’idée étant finalement de faire une création graphique concrète qui permet de rendre l’abstrait concret. 

Le legal design sert à rendre le droit accessible à notre interlocuteur. Evidemment que si un avocat s’adresse à son client, le rendu ne sera pas le même que s’il s’adresse à un confrère. C’est l’idée de transmission qui est prônée. De sorte que la prise en compte de l’autre est nécessaire. Il faut faire la démarche de comprendre qui il est, comprendre son univers et son cadre de référence afin de savoir comment s’adresser à lui. Le but étant que le client comprenne de manière limpide et fluide.

Ses origines

Si le terme et le concept peuvent paraître un peu vastes et innovants, en réalité, le legal design tire ses racines de loin. Il est officiellement apparu sous ce nom dans les années 2000 dans un contexte de grand tournant avec la transformation digitale et d’autant plus avec l’arrivée des legal tech dans les pays anglosaxons. En 2013, il y a la création d’un cursus à Stanford qui donne au legal design une réelle reconnaissance. Aujourd’hui, le le concept est omniprésent et des formations, conférences, ateliers, articles ou encore salons sur le sujet se multiplient.

Pour ce qui est de la démarche, l’utilisateur est au centre. Cela implique pour le locuteur de prendre du recul sur sa manière de communiquer et surtout de sortir de sa zone de confort pour tenter de voir du point de vue de l’autre. C’est cet aspect qui est important. Il faut chercher à avoir un regard critique sur soi. 

Le legal design en trois étapes c’est :

  1. Mettre le doigt sur un besoin présent chez le client : comprendre ses usages et ses problématiques pour faciliter et lui rendre accessible une lecture.
  2. La création : c’est une sorte de brainstorming. L’idée, c’est de mettre toutes les réflexions et problématiques auxquelles on a pensé afin de les clarifier à travers des illustrations.
  3. La phase d’expérimentation : il est extrêmement important de s’imposer une phase de test. Aux premiers abords il peut être dur de se mettre à la place de l’autre. Pas de panique, ça se travaille.

A long terme cette pratique permet d’améliorer l’expérience client et puisqu’on prend du temps pour lui. Vous serez tous les deux gagnants : en ayant des bases de communication claires et fluides : vous avancerez délibérément plus vite.

Elle permet aussi de mieux facturer car le client comprendra pourquoi il paye. Il y a quelque chose de l’ordre de l’image. En étant plus accessible, on devient aussi plus attrayant. De sorte que ça jouera aussi sur la notoriété.

Pour donner un exemple concret, en 2016, le Sud-africain Robert de Rooy, fondateur de Creative Contracts a utilisé le legal design pour des cueilleurs de fruits. En effet, ces derniers, illettrés ou semi-illettrés avaient du mal à comprendre leur contrat de travail. Robert de Rooy a donc dessiné un contrat qui reprend l’ensemble des informations sous la forme d’une bande dessinée.

Nous avons essayé d’en faire un. Pas à propos du droit mais plutôt d’une conférence que Valentin Tonti Bernard a récemment tenu : « Comment atteindre les 50k de chiffre d’affaires ? ». Certains ont pu assister à l’évènement.

Mais la plupart de ceux qui nous suivent n’ont pas pu. C’est pourquoi nous avons eu l’idée de faire une synthèse de la vidéo publiée et disponible sur YouTube

Cela revient en réalité à faire un thinking design. Pour la conception de ce travail, nous avons d’abord pris un brouillon et écrit toutes les idées essentielles à la compréhension du propos de Valentin.

Puis, nous les avons ensuite associés à des images qui représentaient les actions et les étapes à effectuer. Finalement, nous avons mis le tout en forme. L’idée étant que lorsque quiconque regarde ce visuel, il comprend la démarche et la méthode que nous essayons de transmettre.

Nous avons opté pour un design sous forme de bande dessiné, mais les formes et manière de présenter votre travail peut varier, selon ce que vous voulez transmettre comme information. Il peut s’agir d’infographies regroupant les éléments essentiels de votre travail, de schéma ou même de mettre en surbrillance des textes.

Legal Design avocats
Legal Design avocats

Dans la situation actuelle, les tribunaux ont de moins en moins de moyens destinés aux plaidoiries, elles sont donc plus courtes et dans le pire des cas supprimées… Ici, le legal design peut être une alternative et permettre de gagner plus de temps. Ce qui n’est pas négligeable pour gagner un contentieux. Le concept permet dans ce cas de rendre intelligibles les conclusions de manières rapides et efficaces. 

Attention, le legal design ne tend pas, en théorie, à simplifier les informations

Au contraire, il permet une meilleure lecture puisqu’accompagnée. C’est un outil.

Certains craignent que ce concept pousse à la vulgarisation en donnant la possibilité de sélectionner des clauses plus ou moins importantes. Cela pourrait couvrir des intentions malhonnêtes et faciliter à la manipulation… Pourtant, le legal design doit être exhaustif.

Tout le monde ne voit pas d’un bon œil ce principe. En effet, certains critiquent le fait que ça apparaisse sous la forme d’une mode. De plus en plus de formations sont vendues, on en entend parler partout, c’est devenu un réel business. Le problème c’est que comme on l’a vu plus haut, le concept est vu comme révolutionnaire, novateur, avant-gardiste et surtout assez flou… Flou parce qu’au final, on aurait besoin d’une formation pour se l’approprier…

Pourtant, le legal design ne date pas d’hier

En tout cas, pas nommé ainsi et pas appliqué au droit, l’illustration pour mieux faire passer un message n’a rien de moderne… Dans l’antiquité, les Grecs illustraient des vases pour faciliter la transmission d’un message sur différentes thématiques comme la maïeutique.

Ainsi, le legal design ne serait-il pas un anglicisme pour complexifier un concept que nous nous devons tous, avocat ou non, tenter de s’approprier ?

Perçu par fois comme le graal, c’est bien au contraire, censé faire partie de la pratique de l’avocat. Il est nécessaire de tenter à tout prix d’avoir un discours compréhensible et limpide aux yeux de l’autre. L’avocat est une sorte de traducteur entre le langage juridique et le langage courant.

La dynamique devrait être au cœur de chaque cabinet. Même s’il est dur de se l’approprier, il ne faut pas penser que c’est quelque chose de plus même si parfois de l’aide peut être nécessaire et bénéfique.

« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément »

Nous vous invitons à écouter le podcast de François Fagot, fondateur de HF Avocats. Nous accompagnons François dans le développement de son activité.

C’est un monstre en process et place la satisfaction de ses clients au centre de ses préoccupations. En d’autres termes, il a tout compris. Il utilise quotidiennement le legal design dans sa pratique et en parle dans son podcast enregistré en novembre dernier.

Vous retrouverez son podcast juste en dessous !

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